CONF 22.11.2010

Politiques de la transmission

Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), Paris, 27.11.2010

Lambert Dousson, énsa-m

Politiques de la transmission: l’ „Autre“ sujet-objet d’une communauté européenne ?
Politics of transmission: the „Other” subject-object of a European community?

Samedi 27 novembre 2010 Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) Salle Walter Benjamin 2 rue Vivienne 75002 Paris

Langues pratiquées: anglais et français

In a deliberately provocative manner this conference series examines the possible links between the esthetic representation of „primitive art” in European cultural institutions and the status and representation of migrants in the nations hosting these collections.

Special attention will be paid to the role that ethnography museums can play in shaping the perception of migrants and the polymorphous constructions of national and European identities.

This multidisciplinary conference series invites curators, philosophers, anthropologists, psychoanalysts, jurists and representatives of migrant populations among others to share their knowledge of and experiences with cultural and political institutions.

The first conference will take place in Paris on 27 November 2010, the second in Brussels on 13 May 2011, and the third in Copenhagen. Organized by The Research Center on Art (Créart-Phi) at Nanterre University (France), The Copenhagen Doctoral School of Cultural Studies, University of Copenhagen (Denmark) and The Royal Museum for Central Africa, Tervuren (Belgium).

Ce colloque part de l’hypothèse d’un lien entre les représentations de sociétés „Autres“ élaborées par les institutions culturelles européennes (musées et mémoriaux) et la représentation de ces mêmes sociétés propre au développement d’une politique européenne de contrôle des migrations. Nos interrogations s’appuient sur les observations suivantes: l’extension et la consolidation de l’Europe opèrent simultanément sur le plan économique, politique et culturel. Malgré les différences, ou précisément dans l’espoir de les subsumer sous un „commun européen“, la Commission européenne promeut des projets culturels et légifère en faveur d’une politique d’immigration unifiée. Nous pouvons d’une part observer la constitution d’un réseau européen de musées d’ethnographie (RIME) et, d’autre part, l’élaboration de dispositifs réglementaires visant à homogénéiser les politiques nationales de contrôle des migrations. Sur le plan culturel, la Commission européenne favorise la réflexion entre institutions afin de redéfinir l’héritage et le rôle des musées d’ethnographie au XXIe siècle ; sur le plan politique, elle oeuvre à la mise en place d’une politique d’immigration commune afin de maîtriser le phénomène migratoire de provenance extracommunautaire.

Nous souhaiterions questionner les liens éventuels entre les expositions d’objets dits „d’objets issus des anciennes colonies“ et le développement d’une politique migratoire à l’aune de trois cas de figures: la France, la Belgique et le Danemark. Comment la connaissance (historique ou structurelle) des phénomènes de migration est-elle transmise ou non au sein des populations des trois pays en question? Existe-t-il une politique de transmission des contenus historiques et mémoriels des flux migratoires? Une attention particulière sera portée à la dimension esthétique d’une telle politique de la transmission. Si l’enjeu politique des musées d’ethnographie est différent dans les trois pays, ils partagent en effet des collections constituées par l’attrait pour l’“exotisme“ de sociétés extra-européennes favorisant (par contraste) la consolidation d’une „identité nationale“. On interrogera donc le statut des objets qui y sont exposés: comment s’inscrivent-ils dans le dispositif expositionnel, comment le confortent-ils, ou au contraire, comment le fracturent-ils ? Peuvent-ils être considérés comme des documents possédant un pouvoir heuristique, ou bien comme des œuvres d’art jouissant d’un statut autonome ? Notre hypothèse nous conduit à examiner si c’est précisément dans la représentation esthétisante et, corrélativement, „déshistoricisante“, de ces sujets et de ces objets que l’on pourrait déchiffrer le déficit de reconnaissance de la complexité de leur destin à l’ère de la modernité et de la colonisation. En d’autres termes: est-il possible, à partir de la représentation des sujets immigrants dans la politique, dans les médias et dans l’enseignement scolaire, d’observer un exotisme colonial, voire post-colonial ? Est-il possible de mesurer le déni des populations au goût pour les objets produits par ces populations ? Pourrait-on saisir, à partir de la représentation de l’“Autre“ propre aux politiques d’immigration, d’un côté, et dans le musée occidental des arts dits premiers, de l’autre, des opérations de désaveu qui seraient à l’oeuvre dans la reconnaissance elle-même?

Enfin, nous souhaiterions interroger le fonctionnement d’un „nous“ européen à l’heure où les États-membres sont engagés dans la consolidation d’une entité géopolitique européenne. Peut-on ainsi voir dans les „identités négatives“ élaborées par les institutions culturelles ainsi que dans les politiques d’immigration une tendance vers la formation d’un commun européen propre à remplacer celui du colonialisme des siècles passés? Si cela est possible, comment le caractériser? Quels rapports de concordance et de discordance pourrions-nous déceler entre la politique en faveur de l’élaboration d’une identité européenne menée par l’UE et les politiques de ses États-membres?

PROGRAMME
MATIN

9.30 Anne-Marie Bouttiaux (conservatrice en chef de la section d’ethnographie, Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren, Belgique), Catherine Perret (Maître de Conférences, dpt. de Philosophie, Créart-Phi, Université Paris Ouest – Nanterre), Frederik Trygstrup (Associate professor, Department of Arts and Cultural Studies, Copenhagen University) Introduction
Chairman / président de séance: Frederik Trygstrup

10.00 Alain Godonou, directeur de la Division des objets culturels et du patrimoine immatériel, UNESCO „Rôle des organisations internationales (UNESCO, Banque mondiale) dans les „développement” du patrimoine africain“

10.45 Ken Ndiaye, anthropologue „Organisations de diasporas: point de jonction entre communautés sources, populations migrantes et institutions culturelles nationales“

11.30 pause

11.45 Robert Steichen, psychiatre-psychanalyste, professeur à l’Institut d’études de la famille et de la sexualité, chercheur à l’unité de psychologie clinique, faculté de psychologie, université catholique de Louvain „Construction d’identités et d’altérité: psychanalyse et anthropologie face à la modernité contemporaine“

12.30 Discussion

13.00 Déjeuner

APRÈS-MIDI

Chairman / président de séance: Anne-Marie Bouttiaux
14.30 Stefan Jonsson, Associate Professor, Université de Södertörn „Demographic Colonialism“

15.15 Éric Fassin, sociologue, professeur agrégé à l'Ecole normale supérieure (Paris), chercheur à l'IRIS (CNRS / EHESS) „De l'invisibilité des minorités visibles à la voix des sans-voix. Politiques de la représentation minoritaire“

16.00 Pause
16.15 Cécile Van den Avennen (Maître de Conférences en sciences du langage, École Normale Supérieure Lettres et Sciences humaines de Lyon), Marie Gautheron (département des lettres et des arts, ENS-LSH Lyon), Anne Sauvagnargues (Professeur, dpt. de Philosophie, Créart-Phi, Université Paris Ouest) „Retour sur la mission Dakar-Djibouti: mettre en circulation les objets et les savoirs“

17.00 Alexandra Loumpet-Galitzine (Réseau Asie et Pacifique – Imasie (CNRS/ FMSH) „Musée, terre d’accueil ? Une nouvelle mythologie des images de l’Autre“

17.45 Discussion

Organisation scientifique
Belgique: Anne-Marie Bouttiaux, conservatrice en chef de la section d’ethnographie, Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren ( anne-marie.bouttiauxafricamuseum.be)
Anna Seiderer, assistante de recherche, Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren (anna.seidererafricamuseum.be).

Danemark: Frederik Tygstrup, maître de conférences, directeur de l’École doctorale des études culturelles, Université de Copenhague (frederikhum.ku.dk)
Jesper Rasmussen, doctorant, Centre de recherches sur l’art, Université de Paris-X, Nanterre, École doctorale des études culturelles, Université de Copenhague ( tidendehotmail.com).

France: Catherine Perret, maître de conférence habilitée à diriger les recherches, Centre de recherches sur l’art / esthétique - philosophie (Créart-Phi), Université Paris Ouest Nanterre (catherineperret333orange.fr)
Lambert Dousson, doctorant, Créart-Phi, Université Paris Ouest ( lambert.doussongmail.com).

Contacts: Anna Seiderer (anna.seidererafricamuseum.be). Jesper Rasmussen (tidendehotmail.com). Lambert Dousson (lambert.doussongmail.com

Quellennachweis:
CONF: Politiques de la transmission. In: ArtHist.net, 22.11.2010. Letzter Zugriff 29.03.2024. <https://arthist.net/archive/536>.

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